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Interview croisée Luc Lemonnier et Hervé Martel

Interview croisée de Luc Lemonnier, Maire du Havre, Président de la Communauté d’Agglomération du Havre et d’Hervé Martel, Directeur Général HAROPA – Port du Havre et Vice-président de HAROPA.                                      

M. Lemonnier, pouvez-vous nous donner votre définition d’une smart city ?
Il s’agit d’une ville connectée où le numérique permet d’améliorer les relations avec les citoyens, de stimuler les intelligences : celles des usagers, des services publics, des entreprises. Les innovations doivent donner plus d’efficacité aux politiques publiques, faciliter le quotidien des usagers et des entreprises. L’information en temps réel et la possibilité de connecter les données nous permet d’être plus efficaces, d’innover, de créer des nouveaux services, d’économiser sur notre facture énergétique,… C’est ce que nos concitoyens attendent d’une ville moderne.

Quels sont les atouts de l’agglomération et de la ville du Havre pour devenir une Smart City ?
LL. : L’agglomération havraise est une terre d’innovation : depuis plusieurs années, nous engageons des projets d’ampleur pour faciliter la vie de nos habitants comme la télé-relève des compteurs d’eau, la plateforme Hariane, le marché de performance énergétique par exemple. Nous disposons également d’une présence forte d’industriels et de PME innovantes qui tirent notre territoire. A l’image de la Cité du Numérique qui ouvrira ses portes fin 2019 et permettra de renforcer les liens entre public et privé et d’accroitre les savoir-faire.

La Codah que vous présidez est l’un des fers de lance de la candidature havraise à l’appel à projet Territoire d’Innovation de Grande Ambition du PIA3. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’ambition que vous portez avec vos partenaires dans le cadre du projet Smart Port City ?
LL. : Avec le projet « Smart Port City » porté par la collectivité, HAROPA – Port du Havre, l’Université Le Havre Normandie, Synerzip-LH, l’UMEP et des partenaires économiques et scientifiques, nous imaginons une nouvelle phase de développement de la ville-port par l’innovation. Collectivement, nous construisons un grand plan d’investissement qui vise à transformer en profondeur notre ville-port. Pour atteindre cette ambition, nous travaillons à doter le territoire d’outils audacieux, comme : le Port Center du futur, lieu d’expérience où l’on vit le port de l’intérieur. Lieu qui incarne la fierté des habitants à vivre un territoire maritime et portuaire et participe à l’attractivité touristique, notamment avec une nouvelle offre de tourisme industriel ; la Halle technologique, lieu d’expérimentation en logistique à l’échelle 1 pour les entreprises et la recherche ; la Cité Numérique, lieux de croisement entre acteurs du campus Le Havre Normandie et le monde économique. C’est à la Cité numérique que pousseront notamment les projets d’entreprenariat que la CODAH encourage.

M. Martel, comment définiriez-vous un port connecté ?
Un port est naturellement « smart » ou « connecté » dans la mesure où tous les intervenants de la chaine logistique ont un intérêt à se lier les uns aux autres pour garantir une performance d’ensemble. Au Havre, l’histoire du smart port a commencé très tôt, dès 1983, quand la communauté portuaire s’est lancée dans une démarche collective de dématérialisation des procédures. Cela a donné le Port Community System développé par SOGET, dont la troisième génération, S)one, est aujourd’hui une référence mondiale. L’enjeu du smart port aujourd’hui est d’être « smarter », d’aller bien au-delà de ce mouvement historique de dématérialisation, en valorisant nos acquis smart pour proposer de nouveaux services à nos clients. Etre smart, c’est aussi un état d’esprit, qui pousse à l’action collective : partage des données, connexion des systèmes d’information, guichet unique, intégration des services et démarches d’innovation collective. Il ne faut pas non plus se limiter aux aspects techniques : le smart port est tout simplement un port plus efficace, plus durable et parfaitement intégré au territoire.

Comment situez-vous, sur ce terrain, HAROPA – Port du Havre face à ses concurrents hexagonaux et nord-européens ?
HM : Les systèmes d’information du Port du Havre comme S WING et TIMAD, S’One de SOGET, et le Guichet Unique des douanes françaises permettent à la France d’être classé n°1 du commerce transfrontalier dans le classement Doing Business de la Banque Mondiale. Le fait que HAROPA ait reçu pour la 6e fois le trophée du « Best Seaport in Europe » alors qu’il était en concurrence avec les ports d’Anvers, Hambourg et Barcelone montre bien que notre dimension smart et innovante est parfaitement reconnue par nos clients asiatiques.

Un port reste par essence le lieu des échanges physiques de marchandises. Quel rôle peut jouer la digitalisation dans la chaîne du transport et de la logistique ?
HM : Le traitement de la marchandise a toujours été étroitement lié à un traitement de l’information. Ce qui change, c’est que la digitalisation est aujourd’hui partout chez nos clients, dans les chaines portuaires, logistiques et industrielles… avec de nouvelles technologies ou approches comme l’internet des objets, l’intelligence artificielle, la blockchain, le big data, la 5G, auxquelles tous essaient de s’adapter à des stades divers. Il faut donc proposer de nouveaux services qui suivent cette évolution et permettent à une chaine logistique ou industrielle, par une meilleure coordination de tous ses acteurs, d’être plus efficiente car plus prédictive, plus respectueuse de l’environnement et apportant une meilleure fluidité dans l’organisation du travail. Les acteurs portuaires savent très bien qu’après la révolution du conteneur, ils doivent maintenant faire face à ce mouvement généralisé de digitalisation, à une nouvelle révolution, celle de la donnée, qui devient le carburant d’une nouvelle économie.

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